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Sous l'alisier

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Elle est comme ça sa maison. Au milieu de nulle part. Suspendue au nuage. Baignée de soleil et secouée de vent.

Portes et volets vibrent.

On y est parfois très tranquilles et parfois moins. S'y arrête qui veut, le temps d'un verre. d'une douceur. De quatre mots à échanger. Ou de silence.

Elle est assise sur ses talons, là-haut, au bord du ciel. Nez au vent. Elle est bien. Elle est juste bien au bon endroit pour contempler le monde...



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"Il y avait tant de lumière qu'on voyait le monde dans sa vraie vérité, non plus décharné de jour mais engraissé d'ombre et d'une couleur bien plus fine. L'oeil s'en réjouissait. L'apparence des choses n'avait plus de cruauté mais tout racontait une histoire, tout parlait doucement aux sens. La forêt là-bas était couchée dans le tiède des combes comme une grosse pintade aux plumes luisantes" 
Jean Giono - Que ma joie demeure



Sous l'alisier
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12 janvier 2013

Si c'est un homme - Primo Levi

Un billet sur "Si c'est un homme" de Primo Levi : et ce sera là ma deuxième participation à une lecture partagée, dans le cadre du blogoclub.

Ma première réaction à l'annonce du titre proposé fut... un manque d'enthousiasme...
"Si c'est un homme" est un témoignage sur l'extermination des Juifs et sur l'univers des camps de concentration pendant la seconde guerre mondiale. Et j'en ai lu, des livres, sur cette page insupportable de l'Histoire, et je n'avais guère envie de me replonger dans ces années noires... et puis, j'ai joué le jeu, j'ai lu.

Ce livre, s'il est témoignage, n'a rien à voir avec un roman. Il est écrit à la première personne, des personnages sont là (des personnes), qui ont un nom, une existence (enfin...), mais Primo Levi ne "joue" pas de la fibre affective. Son ton est neutre, dépassionné. Je veux dire encore, on ne s'attache pas vraiment aux personnages, rien à voir avec les autres ouvrages que j'avais lu sur ce thème (pour en citer quelques-uns : le "Journal d'Anne Franck", "Mémoires d'une Juste" d'Irène Opdyke, "Au nom de tous les miens" de Martin Gray) qui m'avaient plongée dans une tristesse sans fond...

Ce qui à mon avis fait l'intérêt de ce livre est justement cette différence. Le fait qu'il s'agisse ici avant tout d'une analyse. Je n'irais pas jusqu'à dire une analyse scientifique, mais presque (d'ailleurs, Primo Levi n'est-il pas un scientifique ?) Analyse de la nature humaine plongée dans une situation extrême. Comme des rouages démontés au fil des pages pour chercher des réponses :
Comment l'homme en arrive-t-il là : à tout perdre de lui-même, corps et âme.
Comment dans cet univers certains mieux que d'autres arrivent à subsister.
Comment la vie s'organise -se ré-organise, avec quelles valeurs/absence de valeurs.
Qu'en est-il de l'Homme, quand on ne lui permet pas d'en être un...

Voici un de mes passages préférés -pas forcément représentatif du livre, non, juste un passage que j'aime particulièrement :

"J'y suis, attention Pikolo, ouvre grands tes oreilles et ton esprit, j'ai besoin que tu comprennes :

"Considerate la vostra semenza
Fatti non foste a viver come bruti
Ma per seguir virtute e conoscenza"

Et c'est comme si moi aussi j'entendais ces paroles pour la première fois : comme une sonnerie de trompettes, comme la voix de Dieu. L'espace d'un instant, j'ai oublié qui je suis et où je suis.
Pikolo me prie de répéter. Il est bon, Pikolo, il s'est rendu compte qu'il est en train de me faire du bien. A moins que, peut-être, il n'y ait autre chose : peut-être que, malgré la traduction plate et le commentaire sommaire et hâtif, il a reçu le message, il a senti que ces paroles le concernent, qu'elles concernent tous les hommes qui souffrent, et nous en particulier ; qu'elles nous concernent nous deux, qui osons nous arrêter à ces choses-là avec les bâtons de la corvée de soupe sur les épaules."

Comme si l'humanité, le désir fort, vital, de rester des humains coûte que coûte tenait à quelques vers dont on se souvient...

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