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Sous l'alisier

DSC03896 - Copie-1

 

Elle est comme ça sa maison. Au milieu de nulle part. Suspendue au nuage. Baignée de soleil et secouée de vent.

Portes et volets vibrent.

On y est parfois très tranquilles et parfois moins. S'y arrête qui veut, le temps d'un verre. d'une douceur. De quatre mots à échanger. Ou de silence.

Elle est assise sur ses talons, là-haut, au bord du ciel. Nez au vent. Elle est bien. Elle est juste bien au bon endroit pour contempler le monde...



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"Il y avait tant de lumière qu'on voyait le monde dans sa vraie vérité, non plus décharné de jour mais engraissé d'ombre et d'une couleur bien plus fine. L'oeil s'en réjouissait. L'apparence des choses n'avait plus de cruauté mais tout racontait une histoire, tout parlait doucement aux sens. La forêt là-bas était couchée dans le tiède des combes comme une grosse pintade aux plumes luisantes" 
Jean Giono - Que ma joie demeure



Sous l'alisier
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31 janvier 2014

Georges-Emmanuel Clancier - Vocabulaire

 

Quand je dis myrtille c'est l'ombre odorante des amours

Quand je dis collines le langage oublié de l'enfance

Quand je dis bleu le double regard de mon sang

De mon nom qui colore hier aux couleurs de demain.

Quand je dis noisette je vois Juliette et ses dix ans

Mais le cœur connaît-il des raisons pour rêver ?

Je vois encore une bergère de dix ans

Au fond des prés, il y a longtemps, la vieille femme

Que je vénère comme la vie et qui garde ses morts

Doucement telles autrefois ses peureuses brebis.

Quand je dis couleuvre ô charmeurs d'oiseaux et d'orvets

Mes aïeux espiègles ouvriers de la révolution

Me font clin d'œil de malice au-delà des tombes.

Quand je dis pain c'est père plus généreux et vif

Que blés dans leur gloire couronnés par le vent

Mer c'est la mère blonde et bleue comme les plages

La vague qui berce et s'endort et secoue ses cheveux.

Quand je dis arbre mon fils tendre feuillage étincelle

Sylvestre printemps qui ruisselle sur les pierres,

Quand je dis nuit celle que j'aime monte vers moi

Du fond des songes femme de nuit et de songe.

Georges-Emmannuel Clancier ("Une Voix" 1957) 

 

Georges-Emmanuel Clancier : c'est un poète qui aura 100 ans le 3 mai prochain que je redécouvre en ce moment.

Je me suis arrêtée cette après-midi sur cette poésie-là, ou plus justement : c'est elle qui m'a retenue ! Oui, retenue, happée, conquise, elle interpelle tous mes sens, bouleverse le Temps, me parle de moi en même temps que de lui -car n'est-ce pas nos propres enfants qui apparaissent miraculeusement derrière sa Juliette et son Sylvestre ? 

 

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Commentaires
L
Des correspondances entre la nature et ceux que l'on aime.
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